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Françoise Raynaud, fondatrice de l’agence loci anima architectures : “L’homme mobile interconnecté a besoin de lieux mixtes, de ce qu’on appelle aujourd’hui les «troisième lieu»”
Comment réaliser une médiathèque Alpha à l’ère de la dématérialisation des supports ?
FR En tant qu’architecte il est aujourd’hui impératif d’enclencher une mutation des espaces. Les bibliothèques ont entamé cette transition pour s’adapter au monde interconnecté que nous connaissons aujourd’hui. Notre projet rend compte de cette évolution : nous voulions faire de la médiathèque d’Angoulême un véritable lieu de vie ouvert au monde, accueillant, accessible, favorisant l’échange, gommant les clivages sociaux et culturels au cœur de la communauté. Un lieu particulier et unique mais aussi familier où le Grand Angoulême pourra faire évoluer la mission culturelle et communautaire autour de projets culturels et sociaux ambitieux.
Vous avez fait de la médiathèque Alpha un lieu de vie et d’échange. N’est-ce pas en rupture avec l’architecture de la bibliothèque favorisant traditionnellement le silence?
FR L’homme mobile interconnecté a besoin de lieux mixtes, de ce qu’on appelle aujourd’hui les «troisième lieu». Des espaces en dehors de la maison et du lieu de travail où il puisse entrer en communication avec d’autres pour partager ses nouvelles pratiques et se sentir appartenir à un groupe. En élargissant son rôle, en gommant le clivage entre lieu public et privé, la médiathèque peut capter un public large sans distinction d’âge, de genre, et venant de tout horizon social.
La médiathèque Alpha attire sans impressionner, intrigue mais rassure, donne envie d’entrer. Elle est familière et accueillante. Elle est conçue comme un lieu de passage, à l’accès facilité, fluide et sans contrainte.
Afin d’accompagner la mutation des relations aux espaces, à l’ère de la mobilité, nous proposons un lieu d’échanges et d’expériences singulières, un lieu d’éveil et de jubilation des cinq sens, un lieu où la nature est au cœur du bâtiment et où le design intérieur offre le terrain rêvé pour des expériences sensorielles uniques.
Vous parlez de la médiathèque Alpha comme d’un « amer urbain ». Qu’entendez-vous par là ?
FR Il est vrai que pour remplir sa nouvelle mission, la médiathèque Alpha s’éloigne des archétypes typologiques et morphologiques des bâtiments publics culturels qui restent des «temples du savoir » infranchissables pour beaucoup. La médiathèque n’est pas un bâtiment, c’est effectivement un «amer urbain » connecté : un empilement de passerelles, de ponts habités qui lient et relient, connectent physiquement et visuellement les lieux et les paysages alentours. Le bâtiment se compose réellement de cinq «mondes» évolutifs et identifiables par la couleur-matière du métal des planètes qui lui sont associés. Ainsi, le monde «créer » est anthracite en référence à Saturne et au plomb. Le monde «comprendre » rappelle la Lune et l’argent. Le monde «imaginer » s’assimile à Jupiter et au bronze. C’est le Soleil et l’or que l’on retrouve dans le monde «d’un monde à l’autre». Enfin, «la fabrique des mondes» est rouge cuivre, rendant hommage à Mars.
La nature est une thématique qui vous est chère. Au sein d’un espace comme celui-ci, ultra connecté, comment avez-vous abordé cette relation?
FR Nous proposons un regard complémentaire et différent qui, au‐delà des performances réelles et intrinsèques du projet sur les aspects environnementaux, ajoute une dimension symbolique et sensible. L’urbain est de plus en plus coupé de la nature et trouve dans les éléments de la vie et de la nature une source inépuisable de rêve et de plaisir. Le soleil, l’air, le végétal, l’eau et le métal sont les matériaux de construction du projet. Tout en ventilation naturelle, il est conçu entièrement pour profiter et/ou se protéger des éléments selon les saisons, selon les orientations. À tous les niveaux, les espaces se prolongent à l’extérieur par des terrasses ou des jardins, pour vivre dedans et dehors, pour profiter partout de la lumière naturelle pour s’ouvrir ou se fermer en fonction de l’apport thermique et de la lumière nécessaire et désirée.